La gare de la Grande Chaloupe est indissociable du Théâtre
Vollard et de la pièce LEPERVENCHE.
La population de la Grande Chaloupe pendant plusieurs semaines
en 1990 a vu débarquer de l’autorail des centaines de spectateurs,
je dirais plutôt, des centaines d’acteurs d’une grande fresque
historique et politique de l’époque du député LEPERVANCHE.
Et toute la population était mise à contribution dans ce
spectacle, jusqu’à servir le bouillon Larson .. le spectacle
ne cessait pas, même pendant l’entracte !
« À la sortie
du tunnel, l’autorail siffle et klaxonne. Une nouvelle fois
le ti-train revenu du temps passé joue les vedettes et fait son
plein de voyageurs pour un parcours de six kilomètres. Parcours
vers un autre temps, celui d’autres espoirs »
Pascal Grassart [La Vie du Rail]
Arnaud DORMEUIL, de toutes les aventures de VOLLARD, en était
l’acteur fétiche, l’acteur préféré de nombre de réunionnais.
Un acteur exceptionnel, un bel acteur qui transpirait la bonne
humeur et la joie de vivre, malgré son handicap qu’il a su
transcender. Ne soyons pas dupes ! sa souffrance était bien là et
sa dernière pièce « Géant Petit Homme » l’a mise en scène, avec
délicatesse.
Quel choc de le voir sur scène, en robe, comme au temps de son
enfance. On imagine alors le courage qu’il a du trouver au fond de
lui pour rester noble et conserver un appétit si communicatif de
vivre !
« Femme Magazine : Dans
la pièce, il y a un fondkèr qui dit « Le jour où j’ai eu
huit ans, j’ai appris à marcher ». Ce n’est pas
facile pour un enfant d’être différent.
AD : Non et
c’est ça que raconte la pièce. En tout cas, elle parle de ça.
Du fait que jusqu’à l’âge de huit ans, je ne marchais
pas à cause d’une maladie. Puis j’ai appris que je ne
grandirai plus. Et il faut apprendre à vivre avec ça. Alors oui un
jour, j’en ai eu marre que l’on se moque de moi parce
que j’étais petit et j’ai mis une robe pour aller à
l’école. Histoire que l’on se moque de moi pour quelque
chose qui en valait vraiment le coup. Mais depuis que j’ai
appris à marcher, je n’arrête plus et j’adore ça !
(rires) »
« Quand je mourrai, je voudrais qu’on fasse de la musique pour
moi, même quand on veillera mon corps! » avait-t-il dit.
Arnaud nous a quittés un jour de novembre, loin de ses
racines.
En ce moment, une après-midi lui est consacrée au théâtre du
Grand Marché. Merci Arnaud et Respect, (n’est ce pas
Marcelle, Maryse et bien d’autres ?)
La Grande Chaloupe – Lepervenche- Arnaud Dormeuil et cet
autorail… toute une histoire, toute une mémoire…
« Lepervenche nous a donné nos plus grands
bonheurs de théâtre. L’entreprise était folle, faire
recirculer les trains de La Réunion, jouer en plein air en évitant
les pièges du son et lumière, mettre en scène Paula Créso, figure
du Port qui venait de mourir, et Lépervanche, dont le parti
communiste réunionnais ne voulait plus entendre parler. Il fallait
rappeler aussi que la départementalisation avait été
l’œuvre de la gauche, que les Portois s’étaient
libérés les armes à la main, qu’Alexis de Villeneuve avait
été assassiné-¦ On m’avait dit que je n’y
arriverai jamais et que Paul Vergès me mettrait des bâtons dans les
roues ! Finalement il est venu trois fois. D’autres
témoins se sont fait connaître, un vieux cheminot qui avait
confectionné en 1937 la banderole » Réunion, département français
« , les nombreux amis de Lépervanche, la fille du médecin qui avait
soigné Gaétan, les anciennes » tantines » de Paula-¦
L’écart de La Grande Chaloupe profita de notre passage, les
habitants préparaient les repas des spectateurs et
l’orchestre du village jouait à l’entracte. Une
adolescente du village, Nicole Payet, est devenue par la suite
actrice de la compagnie. » (site Vollard)
la pièce
Histoire du mouvement syndical à
La Réunion de 1937 à 1947 à travers la vie d’un aristocrate
communiste et héros romantique, Léon de Lepervenche dont le destin
croise celui de Maman-Paola, tenancière au Port, et son rival en
politique, Docteur-papa.
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